Le souffle d’Etty

Une soirée originale pour les 500 ans de la Réforme  

01 décembre 2017

Oui il y avait bien du souffle, ce samedi 7 octobre au Pont-de-Montvert, dans la pièce de théâtre de la Compagnie du Puits venue de l’Isère et présentée à la salle municipale à partir des écrits d’Etty Hillesum, Journaux et lettres 1941-1943.

L’Esprit était de la partie tant était manifeste la communion qui s’est installée rapidement entre les deux actrices et la centaine de spectateurs présents. Il n’était pas évident de retracer le « destin de masse » de cette juive hollandaise que l’on rencontre à 27 ans, au début de son journal, et perd de vue dans le train l’amenant avec le reste de sa famille à Auschwitz. Elle y trouvera la mort à 29 ans. Ensuite, c’était un pari audacieux de vouloir rendre palpable la densité de son journal et de ses lettres, son amour de la vie, sa soif de joie et de beauté face à l’occupant nazi qui recense, regroupe la population juive au camp de Westerbork pour l’envoyer dans l’Est de l’Europe et l’exterminer méthodiquement. Enfin il semblait délicat de relater, en parallèle aux événements subis, sa progression intérieure, sous forme de cheminement spirituel qui la pousse à rencontrer un Dieu hors norme et la portera vers le besoin absolu de sauver ce qui peut l’être de vie, par cette attention au prochain que l’on appelle amour, vécu chez elle jusqu’au paroxysme de la mort. Ainsi, dans les ténèbres de la guerre, elle restera une lumière et nous laisse une espérance qui dépasse la fureur humaine.

Ce triple défi a été relevé avec finesse, tout en laissant aux spectateurs des temps de respiration qui leur ont évité de sombrer dans l’univers pesant et glauque de l’occupation nazie.

La mise en scène, à la fois dépouillée et évocatrice, au service des deux actrices jouant tour à tour différents personnages masculins et féminins, chantant et jouant de la musique avec brio, a largement contribué à cette tension, à cette fièvre qui s’empare du spectateur sonné, abasourdi à la fin du spectacle. Il a conscience d’avoir rencontré Etty en qui il décèle un être d’exception, sorti de l’oubli et du néant dans lequel les forces obscures du mal auraient voulu la réduire.

Oui, ce fut un moment fort qui fut rendu possible grâce à l’aide financière du Consistoire de Montagnes des Cévennes, de l’Église protestante unie, Région Cévennes–Languedoc-Roussillon et de l’aide logistique de la mairie du Pont-de-Montvert. Qu’ils en soient remerciés !

 

 

 

En savoir plus

Pour aller plus loin : Une vie bouleversée d’Etty Hillesum, Le Seuil.

Et pour en savoir plus sur le spectacle : www.compagnielepuits.com

Jean-Marie SZAFARCZYK

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