Mai 68

Un « happening » sans lendemain ?

01 juin 2018

Quand on évoque « Mai 68 » aujourd’hui, on imagine Paris, les innombrables cortèges d’étudiants, la Sorbonne occupée, les barricades, les charges de CRS, et les discours lyriques des « intellectuels » de l’époque.?

Mais qui se souvient des mouvements sociaux, parfois très violents, qui ont fait dire que Caen avait été à l’avant-garde des célèbres « événements » ?
Au printemps 1968, une série de grèves et de manifestations va devenir l’expression d’un esprit contestataire et révolutionnaire : rétention d’un ministre ; émeute faisant 200 blessés et des dégâts considérables ; nombreuses manifestations et grèves ; opération « Caen ville bloquée »…
 
Jean Guérin © Éric Trocmé

Durant cette période mouvementée, je suis étudiant en 2e année d’histoire. Appartenant à un milieu modeste, je suis boursier et… militant gaulliste ! Une situation paradoxale, pleine de contradictions, pas toujours facile à assumer.? C’est en spectateur que j’assiste aux premiers mouvements sociaux, étudiants et ouvriers. Les interminables Assemblées générales, les réunions des « comités? d’action », les tracts distribués, reprennent un ensemble de projets abstraits, exprimés avec un vocabulaire standard. Mais, les manifs mettent de l’animation. Et surtout, il règne une ambiance inhabituelle à l’université, celle d’une fête. Pas de violences, pas de menaces, pas d’exclusion. On pique-nique dans les locaux occupés, on sert du vin rouge ! Mai 68 m’apparaît comme le grand défouloir d’une certaine bourgeoisie, un timide espoir d’émancipation des ouvriers, un grand « happening » parisien essaimé en province. Mais en définitive, un rêve sur fond d’échec.
50 ans après Mai 68, l’ancien étudiant ne regrette pas ses engagements de jeunesse, ni son attitude détachée face au « happening ». Mais il n’accepte pas pour autant le système actuel qui donne la priorité au « profit » : le profit sacralisé, injustement réparti, et cause de bien des violences à travers le monde.

Jean Guérin

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