Écologie et Création -3-

Troisième jour

22 mai 2019

Cette série, en lien avec le sujet synodal qui sera traité dans les régions à l’automne, fait un lien entre l’écologie et l’un des textes de la Création dans la Bible, dans les deux premiers chapitres de la Genèse.

Élément essentiel à la vie, l’eau coule au travers des pages de la Bible. Ses auteurs en évoquent les réalités concrètes et en utilisent les symboliques paradoxales pour exprimer leurs messages.

 

Les eaux dangereuses

Dès les premières lignes de la Bible, la vie naît comme « au travers des eaux », les eaux de l’abîme, des eaux potentiellement menaçantes qu’il convient de séparer entre celles « d’en haut » et celles « d’en bas », puis de séparer de la terre ferme, pour permettre la vie. En écho, on trouve aussi le Dieu libérateur qui ouvre pour son peuple un passage au travers de la mer des roseaux.

 

Dans le Nouveau Testament, pensons à la tempête apaisée par Jésus qui, à l’image du Dieu créateur, impose son autorité contre les puissances du chaos figurées par la mer démontée. Mais les dangers des eaux ne sont pas que symboles, ils sont bien réels. Paul les a expérimentés, et dans la longue liste qu’il fait des périls que l’amène à affronter son apostolat, l’élément liquide est en bonne place !

 

De son côté, l’Apocalypse, évoque un fleuve d’eau vomi par le dragon pour engloutir une femme (12.15-18) ; et le dragon se poste finalement sur le sable de la mer pour susciter une bête qui monte de la mer et prend le relais de son action maléfique. Ailleurs les « grandes eaux » évoquent la fureur du jugement.

Les eaux de l’abîme sont potentiellement menaçantes pour l’humain (© unsplash)

 

L’eau vivifiante

À côté de ces eaux inquiétantes, de très nombreux passages de la Bible hébraïque présentent l’eau comme indispensable à la vie (Genèse 2.5 ; 21.14-21), et la sécheresse comme l’une des pires calamités (1 Rois 17-18). Sources et puits sont donc des lieux de conflit pour la maîtrise de cet élément vital qu’est l’eau, mais ils sont aussi des lieux de rencontres obligés pour le meilleur de ce que la vie peut donner.

De façon plus symbolique, l’eau, et en particulier « l’eau vive » est aussi l’un des éléments essentiels des rites de purification et donc de restauration de la vie.

 

Quelle eau pour le baptême ?

Si, dans son apparence extérieure, le rite baptismal chrétien prolonge les ablutions juives de purification, Paul semble en abandonner la signification purificatrice. Le baptême est en effet pour Paul une assimilation symbolique à la mort de Jésus Christ sur la Croix. Ainsi, pour l’apôtre, ce n’est pas dans l’eau qu’on est baptisé, mais « dans la mort de Jésus Christ » ! Il s’agit de mourir à sa vie ancienne (« noyer le vieil homme ») pour « naître de nouveau d’eau et d’Esprit » comme l’écrira à sa manière l’évangéliste Jean réinvestissant ainsi la dimension vivifiante de l’eau.

 

Ainsi, on retrouve dans ces symboliques différentes de l’eau du baptême, l’ambivalence fondamentale de l’eau qui traverse toute la Bible.

En savoir plus

« Dieu dit : “Que toute l’eau qui est sous le ciel se rassemble au même endroit, et que le sol apparaisse !” Et cela arrive. 

Dieu appelle le sol “terre”, et l’eau, il l’appelle “mer”. Dieu voit que c’est une bonne chose. […] Il y a un soir, il y a un matin. Voilà le troisième jour.»

(Genèse 1.9-13)

Patrice Rolin
Bibliste

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