1517

Retour à Luther

01 mars 2017

Le 17 janvier dernier, une centaine de personnes s’est réunie à l’église luthérienne de Lyon pour écouter Marc-Frédéric Müller présenter son livre : Martin Luther (1517-2017) Puiser aux sources du protestantisme, paru chez Olivétan.

L’auteur nous a plutôt proposé de laisser Luther interroger notre vie et notre pensée chrétienne. Il a insisté sur un état de fait : Martin Luther est une référence, mais en définitive sa pensée est peu connue même dans le monde protestant.

Élaborer une parole protestante
Marc-Fréderic Müller rappelle que le monde a changé depuis l’époque de Luther : c’est dans un contexte largement œcuménique que nous célébrons ces 500 ans. Il rappelle aussi que la pensée du réformateur n’est pas toujours simple à comprendre et que les 95 thèses peuvent apparaître maintenant hors du temps. Ce qui pose la question de la communauté de pensée entre le protestantisme de la Réforme et le nôtre, dans un monde à la recherche d’un discours universel : comment porter une parole protestante dans une société qui a besoin de cohésion et de la reconnaissance des autres religions ? Que reste-t-il aujourd’hui des fondamentaux de la Réforme ?

© Olivétan

Une pensée en évolution
Dans la suite de sa réflexion, l’auteur insiste sur l’évolution de notre pensée religieuse depuis le XVIe siècle. Pour Luther, tout se trouve résumé dans la justification par la foi qui donne un regard bienveillant à Dieu sur sa création. Notre pensée a évolué en mettant en avant le rôle de modèle du Christ plutôt que sa mort rédemptrice.

Pour Luther, la Bible est la seule source de la foi : son statut a changé, notre lecture de la Bible est beaucoup moins fréquente, une évolution vers la rationalité au XVIIIe siècle nous fait approcher différemment la Bible, comme la lecture critique. De plus, notre vision du monde a changé selon l’auteur : nous ne portons plus un regard théologique sur le monde, notre regard est le plus souvent autonome de la présence de Dieu. Il nous faut trouver une articulation heureuse entre le profane et le spirituel, car la spiritualité est un fondamental de la pensée de la société.

Au-delà de notre vision
À la suite de cette présentation, le père Antoine Adam, de l’Église catholique Saint-Bonaventure, nous a interpellés en rappelant que la Réforme nous a tous changés, catholiques comme protestants, par la demande de conversion au-delà de notre vision de l’Église. Des questions posées, je ne retiendrai que la question de l’éthique pour Luther, à laquelle Marc-Frédéric Müller a répondu d’une façon simple : pour Luther, la justification par la grâce répond à tout et la morale se résume à la formule « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse » ou positivement « fais à autrui ce que tu voudrais qu’il te fasse ». C’est peut-être le résumé le plus clair de la morale.

Michèle BEHR
Lyon

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