Qui sont ces prédicateurs non pasteurs ?

01 novembre 2018

Le Conseil régional annonce une future rencontre des prédicateurs non pasteurs (évitez si possible «prédicateurs laïcs» !). Nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns d’entre eux.

Ces prédicateurs que nous avons interrogés font cela depuis longtemps. Les uns sollicités par leur pasteur, les autres par la nécessité. Faute de pasteur, il faut bien se jeter à l’eau. Sans eux, la Parole serait-elle annoncée tous les dimanches dans nos 50 Églises locales de la Région ?

Constituer une bibliothèque

Certains ont une solide formation : l’une a suivi un master en théologie en six ans au prix de sacrifices familiaux, mais c’était passionnant !, l’autre était au contact de pasteurs dans une institution de notre Église produisant du matériel catéchétique. J’ai suivi un cours à destination des prédicateurs non pasteurs à Strasbourg, qui faisait partie de la formation des enseignants en religion dans le système concordataire. Pour avoir le diplôme, il me fallait passer devant une commission des ministères !

 
Culte au centre de La Chaume à Bourges, présidé par Annie Jacquot © Élisabeth Renaud

La plupart se sont formés sur le tas, au long des études bibliques et des catéchèses d’adultes.
Certains prédicateurs font preuve d’une très grande liberté dans le choix des textes, au grès de l’inspiration ou d’une actualité brûlante, d’autres s’astreignent à prendre le texte du jour pour l’aventure d’un texte nouveau. Tous nous disent qu’ils aiment la Bible.
Les outils sont bien les mêmes pour tous : une bibliothèque construite au fur et à mesure des années, parfois la bibliothèque du pasteur ou d’un collègue prédicateur, et surtout Internet où l’on trouve beaucoup de commentaires : prédications rédigées pour picorer des idées, illustrations, Lire et dire des Églises suisses, site de l’Oratoire (souvent cité), site de la FPF ou de l’EPUdF (parfois décevant…) et, bien sûr, de très bons sites ou blogs catholiques.

Risquer un culte autrement

Nous avons demandé si nos prédicateurs avaient quelquefois à la sortie du culte, des commentaires, des critiques. Au-delà du merci pour votre message de circonstance, souvent les paroissiens sont contents et certains leur demande une copie de leur texte (mais peut-être ce paroissien avait-il décroché ?). Parfois l’interlocuteur révèle au prédicateur une idée qu’il ne se souvient pas avoir dite !
Certains se sont risqués à un culte autrement. C’est vrai que quand on attend six à dix personnes, on préfèrerait une discussion ouverte autour du texte. Mais il s’avère que les participants attendent un discours magistral et n’ont pas très envie d’être dérangés dans leur écoute attentive.
Nous avons été frappés par la solitude (recherchée ?) du prédicateur. Il n’y a qu’à Quimper que nous avons trouvé un groupe constitué et régulièrement réuni de prédicateurs non pasteurs. Ils y disent leur satisfaction de ne pas être seuls et de pourvoir s’appuyer les uns sur les autres, de partager leurs expériences. Gageons que le colloque proposé par le Conseil régional en février prochain, donnera envie aux prédicateurs de constituer des groupes locaux pour partager des moyens, des expériences, des envies.
Beaucoup disent : Il m’arrive de relire une prédication dite il y a quelques années et je m’étonne d’avoir été si bon ! À croire que le Saint-Esprit lui-même me tenait la plume !

Stéphane Griffiths

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