Quand le cinéma sort son siflet

01 avril 2017

L’association cinéphile protestante Profil analyse ici le phénomène des lanceurs d’alerte au cinéma

Deux films récents se sont consacrés à d’importants faits de société tout à fait de notre temps. Dans La fille de Brest (d’Emmanuelle Bercot, 2016), Irène Frachon, protestante à croix huguenote, est pneumologue au CHU de Brest. Elle soupçonne puis fait démontrer un lien entre des morts suspectes et la prise du médicament Mediator, commercialisé depuis 30 ans. Mais il faudra encore beaucoup d’acharnement à cette femme courageuse pour faire reconnaître la responsabilité du grand laboratoire pharmaceutique en cause. Une belle victoire remportée pour les malades et sur des industriels irresponsables. Le retentissement médiatique de ce scandale sanitaire, industriel et administratif fut considérable, il y a quelques années.

Snowden (d’Oliver Stone, 2016) suit le parcours d’un jeune patriote américain engagé dans les services secrets pour défendre son pays. Brillant informaticien, il travaille sur ces logiciels qui traquent et décodent les informations circulant sur le Net. Indigné de voir l’Agence de sécurité nationale (NSA) utiliser sa puissance pour espionner quiconque au mépris du droit, il prend le risque de s’élever contre l’institution, sacrifiant sa carrière… et bien plus : quatre ans plus tard, il est toujours réfugié à Moscou.

Du cinéma à son meilleur et plus utile : bon matériau dramaturgique, angoisse et héroïsme, des bons vulnérables et des méchants inexpugnables… et suspense, car les chevaliers blancs ne l’emportent pas toujours ! Mais face aux images, il faut exercer sa vigilance : les bonnes intentions et la sincérité ne sont pas forcément un gage de lucidité. Comme la langue d’Esope, le cinéma peut être la meilleure ou la pire des choses, et le devoir du protestant n’est-il pas de faire sa part du boulot en exerçant son jugement ?

 
Jacques VERCUEIL Association Profil

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