Histoire

Protestantisme(s)

01 décembre 2017

Certains sont amenés à se demander qui est protestant, en posant en général comme critère : celui qui fonctionne comme moi. Celui-là devrait se demander ce qui le fait « protestant ». Pour essayer une réponse, voici rapidement l’histoire de ce qui a fait le protestantisme tel qu’il a été et tel qu’il est devenu.

Commençons bien avant 1517 avec John Wycliffe. Il a été le briquet qui a permis, avec la mèche qu’était Jan Hus, à Luther, d’être le flambeau. Il est celui qui a remis la Bible au centre des débats, qui a initié le mouvement de traduction et de diffusion.Le Salut par la foi, s’il n’est pas à proprement parler une découverte de Martin Luther, a retrouvé avec lui sa
place essentielle. Et quand les Églises issues de son témoignage ont paru oublier le cœur du message, des piétistes se sont levés comme l’Alsacien Philipp Jacob Spener ou le Souabe Johann Albrecht Bengel connu pour son travail de critique et d’exégèse biblique.
Calvin est celui qui a insisté sur l’origine unique divine du Salut, le Salut par grâce, idée systématisée par le Synode de Dordrecht, provoquant ainsi quelques contestations, en particulier l’arminianisme des Remontrants. En Angleterre, puis rapidement dans les colonies américaines, sa compréhension a été portée par les puritains, alors que réformés et presbytériens étaient ses héritiers naturels.

L’élan missionnaire

Uldrych Zwingli, premier réformateur de Zürich, a provoqué quelques débats pas totalement résolus sur les sacrements. Les anabaptistes (et leurs successeurs mennonites) contestaient le baptême des enfants, suivis par les baptistes et les Églises du Christ (Stone-Campbell). Le mode de présence du Christ dans la Cène a longtemps divisé le protestantisme.
Les frères Wesley et George Whitefield ont marqué le XVIIIe siècle par leur prédication insistant sur la conversion et une vie sanctifiée à Dieu, fondant ainsi le méthodisme. Les mouvements de sainteté en sont les héritiers, parmi eux l’Armée du Salut. Ce même XVIIIe siècle a vu la rénovation de l’héritage de Jan Hus par Nicolaus von Zinzendorf en Fraternité Morave. Ce mouvement a été le principal moteur de l’élan missionnaire protestant, avec ses héros. La conférence d’Edinburgh qui est une conséquence du développement des missions a conduit au mouvement œcuménique et au Conseil œcuménique des Églises. Il a vu se former les « jeunes Églises », les « Églises ethniques » et les « Églises unies ».
Le protestantisme a toujours connu des moments où l’eschatologie biblique (les derniers temps) a eu une place, mais c’est surtout depuis le XIXe siècle qu’elle a pris de l’importance.

Des problématiques contemporaines

Le début du XXe siècle a été marqué dans la suite du Holiness Movement par la naissance à Los Angeles du pentecôtisme avec William Joseph Seymour, en parallèle avec un réveil au Pays de Galles avec Evan Roberts. Le pentecôtisme prêche une seconde expérience, le baptême dans le Saint-Esprit, marquée par le parler en langues. Un mouvement proche du pentecôtisme s’est développé à l’intérieur des Églises installées, le mouvement charismatique, et le vocabulaire a glissé vers « l’effusion de l’Esprit ». Ce mouvement a dérivé vers une théologie de la prospérité à la fin du siècle. Des « méga-Églises » sont apparues.
Nos Églises protestantes se sont confrontées aux relations Église-États, entre un État décideur (pour ou contre la Réforme), protecteur, interventionniste ou neutre et une Église demandeuse ou non. Après notamment la Réforme anglicane conduite par les souverains, la personne d’Alexandre Vinet a su marquer la nécessité d’une séparation en fondant une Église libre. Acquise en France, cette séparation n’est pas générale.
Lumières et Romantisme ont amené certains théologiens à d’autres méthodes d’interprétation. Ce fut par exemple le cas de Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher ou de David Friedrich Strauss. Subjectivité humaine et expérience spirituelle amenèrent à un autre regard sur la Bible ou sur Jésus et à une implication différente dans la vie sociale, marquant ainsi un libéralisme et suscitant des réactions.
Tout ceci est l’histoire du protestantisme. Tout ceci est notre histoire.

Philippe Cousson

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