Au service de l’œcuménisme

Michel Freychet

01 janvier 2021

Michel Freychet a déjà presque traversé un siècle au service de l’Église. À la demande de sa famille, il vient de publier le premier tome de ses mémoires. Rencontre avec un témoin privilégié de l’évolution des relations œcuméniques après Vatican II.

Michel Freychet, votre ministère est placé sous le signe du dialogue…

Il est tellement important de dialoguer. Le dialogue œcuménique a été une des grandes avancées du XXe siècle dans les relations entre chrétiens. Grâce à ce dialogue, j’ai fait des rencontres extraordinaires et découvert les autres chrétiens. Si je connaissais les orthodoxes, cela était très éloigné de moi, un véritable monde inconnu.

Michel Freychet, témoin du chemin de l’unité (© Alain Rey)

 

Huit ans au service œcuménique, vous avez dû traverser des moments forts ?

À l’automne 1988, je suis à Erfurt, de l’autre côté du Mur, dans une ville que l’on pourrait décrire comme confinée. Je découvre ce monde inconnu ou presque aux Européens de l’Ouest. En 1989, je suis à Bâle pour le sommet œcuménique, six mois à peine avant la chute du Mur, la parole commençait déjà à se libérer.

J’ai prêché dans la basilique de St-Jacques de Compostelle, ce qui reste impressionnant.

J’ai participé à toutes les rencontres importantes du dialogue œcuménique : comité mixte catholique/protestant, comité mixte protestant/orthodoxe, groupe des Dombes…

 

Les relations avec l’Église catholique étaient-elles cordiales ?

Tous les ans j’ai été reçu, avec les autres représentants d’Églises, par la Conférence des évêques de France au titre d’observateur. Je me suis rendu plusieurs fois à Rome où j’ai eu l’occasion de rencontrer le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Sous le pontificat de Jean-Paul II, une des grandes questions était l’hospitalité eucharistique. Malheureusement, les choses n’ont pas réellement bougé. Pendant tout mon mandat au service œcuménique de la Fédération protestante de France, je voyageais avec mon homologue catholique, le père Damien Sicard. Nous nous connaissions tellement bien, nos idées étaient tellement en accord, que nos conférences se transformaient en un véritable dialogue entre nos deux Églises. J’ai vécu la grande expérience d’être évangélisé par un frère de l’autre foi.

En savoir plus

À lire

C’est sous le signe de la main invisible de Celui qui conduit son existence que Michel Freychet rassemble dans cet ouvrage les souvenirs d’une vie infiniment belle et féconde. Comme dans toute vie, les épreuves et les temps difficiles ne manquent pas, mais ce que l’on retient c’est la gratitude. Michel est un homme de la gratitude. On peut dire en effet que l’éthique de sa vie tout entière est une éthique de la gratitude. C’est l’éthique de celui qui reçoit sans avoir à se justifier d’exister et qui tire merveilleusement confiance et liberté de ce qu’il reçoit. Dans tout ce qu’il a reçu, Mizou est un cadeau. Elle partage sa vie et sa gratitude depuis le 27 juillet 1957.

C’est avec l’histoire de l’enfance que Michel Freychet commence sa traversée du siècle. Son récit de l’enfance nous fait voyager dans la géographie familiale à Roquefort-sur-Soulzon, Sommières, Le Chambon-sur-Lignon, l’Espérou, Mens, Dieulefit, le Lavandou, Palavas-les-Flots, etc.

C’est une page passionnante de l’histoire de nos Églises dans la deuxième moitié du XXe siècle. À Épinal, on croise la figure de Karl Barth ; à Montpellier, on revit l’histoire épique de l’occupation du temple de Maguelone et de l’engagement de l’Église auprès des immigrés ; à Paris, on revisite l’histoire de l’œcuménisme depuis Vatican II ; en Cévennes, on est plongé dans l’histoire des ministères innovants de l’Église.

D’après Alain Rey,

paru dans le Bulletin de l’Amicale des pasteurs retraités.

 

Vous retrouvez le livre sur le site des éditions Olivétan :

Michel Freychet : Sous la main invisible, Traversée d’un siècle entre ombre et lumière – 1930-2020. Éditions & Régions, 2020, 528 p., 29 €.

À paraître : Quand les Églises se parlent !

propos recueillis par Nicolas Boutié
journal Le Cep

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