Luther Agen

Luther au cœur des défis d’aujourd’hui

01 juillet 2017

Le 2 mai, à Agen, Michel Bertrand, professeur de théologie pratique à la faculté libre de théologie protestante de Montpellier, a présenté la pensée de Luther comme pouvant nous permettre de relever les défis auxquels nous faisons face.

En 1517, Martin Luther, moine allemand, publie 95 thèses contre les « indulgences » et le trafic qu’en fait la papauté pour ses finances. Dans son étude de la Bible, il se remet progressivement en question ; c’est une véritable découverte… Le conférencier fait un historique de Luther mais présente des éléments bibliques de son message qui rejoint notre vie. Comme le dit une BD, Luther était un « lanceur d’alertes et de défis ».

Michel Bertrand relève cinq défis :

La performance.

Il faut, dans notre société, se lancer dans la compétition au mérite. Chacun de nous est sommé de se justifier. Nous devons « assurer » dans notre travail et souvent, dans la hantise de l’échec qui peut conduire à la dépression. Dans l’Épitre aux Romains, Luther découvre que l’homme ne peut rien par ses œuvres ; seule la foi, don gratuit de Dieu, peut le justifier.

L’autosuffisance.

Chacun aujourd’hui cherche son épanouissement en réalisant tous ses désirs. « Je dois m’éclater quand je veux …comme je veux… ! » L’homme contemporain veut être libre. Il rêve, il vit d’illusions de toute-puissance, sans se poser de questions. Pour Luther, la libération est reçue de Dieu. Placer sa vie en Dieu nous libère de toutes les puissances. Pour le chrétien, il est essentiel de retrouver ses propres richesses intérieures. C’est un combat. Le travail doit être accompli dans la foi… c’est une prière.

Luther désacralise tous les discours religieux qui prétendent mettre la main sur Dieu 

Le « vivre ensemble »

Le chrétien est un homme libre ; il n’est assujetti à personne mais il doit être au service de tous. Le chrétien est certes citoyen du Royaume, mais aussi du monde. Luther veut construire une société juste. On a besoin de lois pour vivre ensemble dans la paix ; Luther s’est impliqué dans les conflits sociaux de son époque, reprochant aux paysans leur révolte, mais critiquant sévèrement le comportement des Princes qui traquent les gens comme on traque le gibier. Il les a appellé à plus de miséricorde.

Le religieux

Aujourd’hui, le « religieux » est souvent source d’oppression et de fanatisme car il absolutise une vérité. Le religieux fait pourtant partie intégrante de l’homme. Notre société refuse de prendre en compte la portée sociale du religieux dans la vie, dans les rites y compris politiques, car elle ne sait pas le penser. Luther nous dit que « Dieu est bien au-delà de ce que l’on peut dire ou faire ! » Il désacralise tous les discours religieux, les rites et institutions dès qu’ils prétendent mettre la main sur Lui. L’autorité ultime, c’est le Christ. Pour les protestants, l’Église n’est pas source de salut. Elle n’est qu’une œuvre humaine toujours à réformer.

Le témoignage

Le témoignage est une exigence intellectuelle : foi et science s’interpellent réciproquement. L’intelligence de la foi combat l’apathie spirituelle aussi bien que le fanatisme. Nous devons articuler le croire et le comprendre. Dans cet esprit, Luther a cherché la forme la plus adéquate du message à adopter en fonction de ses interlocuteurs. Luther avait une passion : communiquer son message aux masses (par l’imprimerie récemment découverte, par la prédication orale). Les chrétiens doivent rendre compte de leurs convictions ; le témoignage doit être présent, même en décalage avec le moment ou le monde. Dieu permet le débat mais il ne permet pas la violence. C’est là une difficulté mais il faut aussi savoir exploiter, cultiver à notre profit, les moyens modernes de communication en se gardant de leurs dangers.

Anne Chiotasso.

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