Aumônerie des prisons

Le corps en peine

01 décembre 2018
Affiche des 25ème Journées
nationales Prison
(novembre 2018)
©Groupe national de concertation
prison

Les Journées Nationales Prison (JNP) se sont déroulées cette année du 19 au 25 novembre. Le thème : « Prison : Peines de Corps ». Pourquoi les organisateurs des JNP ont-ils voulu mettre le focus sur ce sujet ?
Hier, ceux qui enfreignaient la loi étaient punis par le châtiment corporel, puis le bagne, … aujourd’hui, par l’enfermement. Ainsi, la promiscuité insoutenable ou l’isolement inhumain font de la prison cet instrument qui inflige une « peine de corps ». En effet, c’est dans et par son corps que l’on s’inscrit dans le monde extérieur. Par l’enfermement, la prison exerce une contrainte aux conséquences multiples sur l’esprit et sur le corps.
Alors, qu’en est-il aujourd’hui de la situation de toute cette population largement ignorée ? Tour d’horizon, en chiffres :
- Au 1erseptembre 2018, il y avait 70 164 personnes détenues (1 pour 1000 de la population) : large majorité d’hommes, 3140 femmes détenues ?(soit 3,9 %) et 811 mineurs (1,2 %).
- Si la population carcérale est encore plutôt jeune (environ 45 % a moins de 30 ans), elle vieillit néanmoins : 3021 personnes détenues de plus de 60 ans au 1erjanvier 2015 - un nombre multiplié par 6 en 25 ans.
- La mort est un phénomène omniprésent en détention : environ 240 personnes y meurent chaque année, dont 110 par suicide (7 fois plus qu’à l’extérieur, selon l’INED). Parmi ces décès, il y a régulièrement des condamnés à perpétuité (peine qui existe toujours en France !).
- On a environ 5 fois plus souvent le VIH en prison qu’à l’extérieur et 10 fois plus souvent la tuberculose. La santé mentale est également un problème massif : 1 personne détenue sur 4 souffre de troubles psychotiques et entre un tiers et la moitié suit un traitement médicamenteux.
- La population est en général peu diplômée : 1,6 % n’a jamais été scolarisée ; 4,8 % ne parlent pas français ; 22 % échouent au test de lecture. Près d’1 personne détenue sur 2 n’a aucun diplôme et seulement 1 personne détenue sur 4 a la possibilité de travailler : la grande pauvreté est un phénomène prégnant.

Alain SORBA





Commentaires