Méditation

Le colosse aux pieds d’argile

12 octobre 2017

«Ô roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue […]. La tête de cette statue était d’or pur; sa poitrine et ses bras étaient d’argent; son ventre et ses cuisses étaient d’airain; ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile.» (Daniel 2.31-33)

Daniel fait partie de ces quelques jeunes hommes du Royaume de Juda, beaux et sages, que le roi Nabuchodonosor fait envoyer auprès de lui à Babylone pour le servir, après que son empire ait fait tomber Jérusalem. Daniel ne succombe ni à la séduction du roi, ni à ses menaces, ce qui lui vaut d’être entendu avec sérieux lorsqu’il décrit et décrypte le songe qui gâche, nuit après nuit, le sommeil du roi. Cette grande statue aux métaux précieux, mais aux pieds mêlés d’argile et de fer est passée dans le langage populaire, elle est le « colosse aux pieds d’argile ». Tour à tour, elle a servi à décrire nombre des empires politiques ou économiques de ce monde, fragilisés par leur démesure même.

Recherche de la gloire

Mais plus que la démesure, le livre du prophète Daniel ne cesse de pointer que le Royaume de Babylone et son roi sont autocentrés sur cette grandeur et cette gloire. Daniel ne cesse de rappeler la supériorité de Dieu, ce que le roi reconnaît à de multiples reprises pour, chaque fois à nouveau, tenter d’écraser l’autre, nier la supériorité divine, refuser la différence de Dieu et de l’autre… Mécanisme de défense ou sentiment de supériorité, nous pouvons tous être tentés par le repli sur soi, la difficulté à faire une place à l’autre dans notre vie et nos choix.

Daniel dans la fosse aux lions@H. Ossawa Taner

Recherche d’une paix

« La méfiance, c’est quand un homme a peur et que l’autre en face ne fait rien pour le rassurer… », chante le rappeur Abd Al Malik. Notre monde occidental ressemble à un colosse aux pieds d’argile. Opulent et puissant, il est fragilisé par la peur de l’autre qui l’habite. Vivre de la confiance – celle que Dieu nous accorde inconditionnellement – est le seul chemin pour vaincre la peur qui se niche en nous et combattre la méfiance qui se niche en l’autre.

 

Gérald Machabert,
Journal Réveil.

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