Chapeau

La vie comme un jeu

02 juillet 2017

La télévision a toujours fait la part belle aux jeux. Je me souviens encore des soirées familiales, devant le poste de télévision, à regarder Intervilles, avec Guy Lux et Léon Zitrone, ou L’école des fans, de Jacques Martin.

 

Benjamain Gard

Le jeu était divertissement. Il se voulait bon enfant. Le but n’était pas l’humiliation mais le plaisir, la détente, la joie. D’ailleurs, dans les émissions de Jacques Martin, tout le monde gagnait ! Aujourd’hui, les jeux pullulent sur le petit écran, comme les boutons de la rougeole. A l’instar Du Maillon faible, ils sont la plupart du temps humiliant et dégradant. La joie n’est plus au programme, ni du participant ni du téléspectateur. Seules comptent l’humiliation et l’élimination. Jouer se résume à éliminer l’autre. Les jeux de télé-réalité, qui séduisent tant les ados et les jeunes adultes, appliquent ce principe. Tous les coups sont permis pour éliminer le concurrent. Elle est loin la maxime qu’on attribue au père des nouveaux Jeux Olympiques, le baron Pierre de Coubertin : « L’essentiel est de participer ». Et pourtant, même s’il ne l’a pas réellement prononcée (ce serait l’évêque de Pennsylvanie), elle résonne très profondément sur le plan existentiel. Le jeu ne peut se résumer à la victoire. Il ne peut se résumer à vaincre. Il est un lieu privilégié pour se construire et pour construire le monde. Le jeu participe à l’émergence d’un « je » qui saura trouver sa place au sein d’une société, même mondialisée. L’apôtre Paul l’avait bien compris puisqu’il envisageait l’existence chrétienne comme un jeu dont les règles ne seraient pas celles du monde. Comme il le dit aux Philippiens, l’essentiel n’est pas de gagner son salut à la fin. L’essentiel réside dans la vie émergeant de la résurrection. Non pas la couronne de lauriers mais le ressuscité ! Non pas le saisissement de la coupe mais le fait d’avoir été saisi par le Christ qui me fait naître et me fait être. Cette prévalence du jeu dans notre société nous a poussé à y consacrer le dossier de ce mois. Qu’est-ce que jouer implique ? Pourquoi jouer ? Comment le protestantisme a compris et comprend aujourd’hui le jeu ? C’est toutes ces questions que nous nous sommes posées dans ce dossier. Je vous souhaite une bonne lecture et des jeux vivifiant durant cet été.

 

Christophe Jacon,
Rédacteur en chef d'Ensemble.

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