Aumônerie des prisons.

La prison : les oubliés de la société.

01 novembre 2017

Mis à l’écart, négligés, cachés, effacés ! Mineurs, femmes et hommes incarcérés dans les prisons françaises, ils sont oubliés !

Dans la Bible, c’est souvent Israël qui oublie son Dieu ; il le met à l’écart, le néglige et l’efface de sa mémoire. Mais Dieu n’oublie jamais son peuple, il se souvient de lui, c’est sa promesse. Jésus va plus loin en individualisant l’attention permanente que Dieu accorde aux femmes et aux hommes : « Ne vend-on pas cinq moineaux pour deux as ? Cependant pas un seul d’entre eux n’est oublié devant Dieu. Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. N’ayez donc pas peur ; vous valez plus que beaucoup de moineaux » (Luc 12.6). Chaque enfant, chaque femme, chaque homme vaut infiniment aux yeux de Dieu.

 

Le prochain, réintégré et fêté ?

L’application de Dieu à ne pas nous oublier est plus qu’une promesse. Dans la parabole du mouton, perdu et retrouvé (Luc 15.3-7) Jésus décrit un berger qui cherche un mouton perdu jusqu’à ce qu’il le retrouve, qui le porte chez lui sur ses épaules et qui se réjouit avec ses amis de l’avoir retrouvé. Il aurait pu, pour le punir, ramener le mouton fugueur à la bergerie et le parquer dans un enclos sans herbe, sans eau et sans soins. Non, il le réintègre au troupeau : perdu mais pas oublié ; retrouvé mais pas puni ; au contraire, réintégré et fêté !

Par cette parabole, Jésus nous invite à faire de même avec notre prochain, notamment avec nos sœurs et frères qui se sont égarés dans le délit et le crime.

En France, en 2017, il en va tout autrement ; le mouton égaré est enfermé derrière de grands murs de prisons qui l’engloutissent et le font disparaître. La société française fait tout ce qu’elle peut pour oublier totalement les personnes qu’elle a incarcérées. Nous-mêmes, avouons que nous n’y pensons pas et même que nous détournons les yeux parce que ce n’est pas intéressant.

 

Des individualités niées

Cette année, le groupe de concertation prison propose le thème « Prisons, les oubliés de la société » pour les 24e Journées nationales prison (JNP) du 20 au 26 novembre 2017. Voici quelques réflexions relevées dans le dossier d’animation pour le JNP 2017.

« La prison est une institution qui enferme une masse indistincte d’auteurs d'infractions, où l'absence de singularité demeure la règle. Or, les prisons sont remplies de personnes avec leurs histoires individuelles de femmes, de transgenres ou d’hommes, de personnes atteintes de pathologies, de jeunes ou de personnes âgées… Le monde pénitentiaire n’est cependant pas en mesure de prendre en compte ces individualités qui sont de ce fait souvent niées. Prises dans une masse, les personnes détenues ont du mal à faire reconnaître leur histoire ; elles sont sans cesse ramenées à leur statut de condamné, sans considération pour le reste de leur vécu. »

L’aumônerie protestante des prisons veille pour rendre visibles les personnes détenues ; elle essaie modestement de les rappeler à votre bon souvenir. Ne les oubliez pas !

 

Pierre LEGRAND,

aumônier régional des prisons

Commentaires