La Bible se raconte à Rochefort

01 mars 2018

Un groupe de conteurs bibliques est né à l’Église protestante unie de Rochefort. Claire et Leila font partie de ce groupe œcuménique qui se réunit tous les mois au temple et comprend douze membres.

 

Claire Cremer est l’épouse du pasteur, elle est assistante sociale et à l’initiative de ce projet. Leila Zegour est professeur d’anglais, conseillère presbytérale. Elle participe depuis le début à cette expérience narrative. Ce qui les rapproche, une grande proximité avec le texte biblique et une volonté de le transmettre.

Comprendre et partager la Bible

Claire a toujours aimé raconter. Cela vient de son enfance, quand sa grand-mère lui contait des histoires. Jeune femme, elle a commencé a raconté des contes profanes à un public de tout âge. 

 
Leila Zegour et Claire Cremer
© Claudie de Turckheim

Plus tard, souhaitant s’orienter vers des histoires bibliques, elle participe en Alsace à un premier stage de l’association Chacun, Chacune raconte, pour le plaisir de la formation.
Dans la Drôme elle crée, avec d’autres, un groupe de conteurs et à Rochefort, elle devient animatrice, avec une furieuse envie de partager les découvertes qu’elle a engrangées dans ces diverses expériences.
Leila est spécialiste de la littérature anglaise néo-gothique. C’est dire son goût des beaux textes. C’est à l’âge de 20 ans qu’elle se plonge, seule, dans la Bible. Ma mère m’a transmis sa foi, mais pas les connaissances contextuelles, dit-elle. Elle commence par Ezéchiel, à cause du nom qui sonne bien. Qu’est-ce qu’une prophétie, de quelle déportation parle-t-on ? Comment aborder des textes aussi anciens sans leur apporter un minimum d’informations.
À Rochefort, pas question de conter pour l’instant. On fait connaissance, on expérimente des textes, on apprend la méthode, on s’essaie à raconter devant le groupe. Un apprentissage riche mais exigeant. Leila aime ces échanges : C’est une remise en cause de notre propre façon de voir le texte, cela permet de sortir de sa zone de confiance.

Être en proximité avec le texte

Le premier texte travaillé est celui du reniement de Pierre, dans l’évangile de Matthieu. On étudie le contexte, les personnages, les lieux, les dialogues, comme pour une étude biblique. Ensuite, chacun va dégager l’intention qu’il veut donner à ce texte. L’intention de Leila est de faire apparaître que le plus vaillant défenseur du Christ peut vaciller, que chacun de nous qui vacille est un être pardonné.
L’histoire est découpée en tableaux, afin de mieux la mémoriser. Chaque scène est alors enrichie de détails qui permettront de mieux visualiser les personnages, les lieux, les lumières, les odeurs. Pour Claire, il s’agit de rentrer dans l’émotion, dans la psychologisation des personnages, sans jamais s’autoriser à toucher au personnage de Jésus ou à ses paroles. La difficulté majeure est de rester fidèle au texte. C’est pourquoi On s’interdit de créer un conte seul, l’avis du groupe évite les écueils.
Reste à travailler l’oralité, un don pour certain, un peu plus d’huile de coude pour d’autres. Et au final, un grand plaisir de partager des textes fondateurs que l’on a tellement intériorisés qu’ils ne vous quittent plus, dit Claire. Je me souviens d’avoir assisté dernièrement à un groupe de discussion autour du texte de Naaman le lépreux, mon premier conte biblique. Je n’avais rien oublié, on reste en proximité avec le texte.

En savoir plus

Chacun, Chacune raconte

Claudie de Turckheim

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