La Bible, momifiée ?!

01 novembre 2017

Au gré de mes déplacements, j’ai découvert de nombreux temples. La taille et la forme du bâtiment ont beau différer, tout comme la place de la chaire et sa majesté, il y a une constante : presque toujours, une Bible est posée en évidence sur la table de communion. Généralement, elle est ouverte au livre du prophète Ésaïe. Et, très souvent, il s’agit d’une traduction de David Martin ou d’Ostervald. Donc, une Bible en vieux francois. Illisible tout autant qu’incompréhensible !

 

J’ai toujours eu un peu de mal à comprendre le pourquoi d’une telle Bible. Certes, il est possible de la relier à la parole du Christ : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Mais la Bible n’est pas à proprement parler Parole de Dieu. Elle le devient par l’interprétation. Exposer une Bible, surtout ancienne, sur la table de communion conduit à « muséifier » nos temples ! Nous en sommes d’ailleurs conscients puisque, très souvent, cette Bible est enfermée à double tour dans un placard, avant et après la cérémonie, pour éviter qu’elle ne soit volée par quelqu’un de peu scrupuleux. Nos temples deviennent ainsi des lieux de conservation de l’Écriture alors qu’ils devraient être des lieux d’innovation, de subversion par la Parole.

Bible Ostervald au temple de Rochefort © Christophe Jacon

Mais il y a plus. La présence de cette Bible « momifie » le texte biblique lui-même. La Réforme a voulu rendre accessible et compréhensible le texte biblique. Elle a voulu insister sur le caractère vivant de la Parole. Or, le choix d’une Bible en vieux français contredit tous ces principes. Surtout quand la Bible n’est pas lue lors du service dominical ! Pour perpétuer la ligne réformatrice, ne serait-il pas temps de mettre sur nos tables de communion une Bible en français courant (le texte est en cours de révision) ou alors, pourquoi pas, une tablette où chaque membre de la communauté pourrait lire, avant ou après le culte, les textes du jour ? À chaque époque ses réformes !

 

Christophe JACON
journal Ensemble

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