L’hymnologie protestante

01 décembre 2017

Dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme, Poitou œcuménisme a organisé, mi-octobre, un concert à l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers. Un large public a pu écouter la Cantate du jubilé de la réformation de Samuel Sandmeier par les chorales À Plein Cœur et EFiCE sous la direction d’Elsie Griffiths. La première partie présentait un panorama de l’hymnologie protestante francophone illustré par divers chœurs de Poitiers et le groupe de musique de l’Église baptiste. Le PO vous propose un extrait abordant l’hymnologie protestante francophone aujourd’hui.

Les protestants restent très attachés à leur tradition et chantent prioritairement au cours du culte les chorals, les psaumes et les chants du réveil (58 % du recueil Alléluia). Mais il existe une large production de cantiques nouveaux.

De la musique sacrée

Déjà, depuis l’époque romantique, la grande musique sacrée n’est plus écrite pour les offices et les cultes mais pour les salles de concert. C’est désormais au concert que les grandes messes se jouent devant un public bourgeois. Face à la modernité avec, pour revers, la nostalgie du passé, les pratiques liturgiques musicales s’inspirent plutôt de la musique du passé et boudent les évolutions stylistiques du temps présent. 

Georges Migot ou Marie-Louise Giraud ont composés de très beaux cantiques mais ils sont peu chantés dans nos assemblées. Les harmonies dissonantes et les rythmes compliqués des musiques classiques contemporaines ne correspondent pas au besoin d’apaisement et de ressourcement qu’appellent les célébrations dominicales (2 % du recueil Alléluia).
La multiplication des célébrations œcuméniques depuis l’instauration de La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens en 1908 a fait que catholiques et protestants ont souhaité chanter ensemble. Ils ont partagé leurs répertoires et découvert chez l’autre des trésors musicaux. Les catholiques apprécient À toi la gloire et les protestants connaissent tous aujourd’hui Aube nouvelle de Jo Akepsimas et Tu de Raymond Fau. Les communautés comme Taizé et le Chemin neuf ont été aussi largement contributeurs de musiques liturgiques dans le monde protestant (14 % du recueil Alléluia).

  

 

Groupe pop-rock de la paroisse baptiste de Poitiers © Grégory Laversa

Au rock and roll

Dans les années 1960, aux États-Unis, un réveil qui touche les jeunes de la contre-culture hippie appelle à un renouvellement de la musique des cultes en intégrant le rock and roll et la musique pop. Des artistes majeurs comme Johny Cash ou Bob Dylan ont contribué à ce mélange de pop-rock et de message évangélique. Les textes sont des adorations et aussi des témoignages à visée évangélisatrice.
Cette tendance de la musique d’Église débarque dans le monde francophone dans les années 1970. Le mouvement Jeunesse en mission a sans doute été le fer de lance de cette évolution avec l’édition de J’aime l’éternel, recueil de chants repris largement par les groupes de jeunes. Les chorales Gospel se sont multipliées et le R’nB, le rap et le métal n’ont pas épargnés nos cultes dans le souci qu’un public jeune y trouve son compte. Ce mouvement touche plus les Églises évangéliques que les Églises protestantes historiques mais dans l’Église protestante unie par exemple, les pasteurs Éric Galia et Joël Dahan animent le site cantiques.fr qui fait une large place à ces styles de cantiques (26 % du recueil Alléluia).
Jean-Luc Gadreau fait remarquer qu’aujourd’hui, ces chants sont d’abord des chants de louange et que l’aspect témoignage a été oublié, marquant une mutation de l’évangélisation à la louange. Ces chants accompagnés à la guitare électrique et aux percussions sont un moyen efficace d’évangélisation et remplissent de jeunes les églises.

Stéphane Griffiths

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