Histoire d'un chant

L’espérance venu du froid

12 octobre 2017

Comme n’importe quel texte littéraire, nos cantiques ont une histoire, un auteur, un contexte particulier. Souvent méconnu, d’ailleurs. Cette chronique souhaite rappeler cette histoire et attirer l’attention sur ce que nous chantons dimanche après dimanche. Ce mois-ci, un cantique de Noël : D’un arbre séculaire.

Bernard Hus était moine au couvent bénédictin de Corvey en Allemagne. Par une nuit froide de Noël, il traverse en hâte le jardin du cloître pour rejoindre la chapelle. Il ferme la lourde porte en chêne et se tourne vers l'autel pour préparer l'office du soir. Mais là, il reste debout, surpris. Son regard se pose sur un bourgeon dans une niche. Lui-même y avait mis un plant apporté par un missionnaire venu du nord. La fleur a fleuri, malgré le froid et l'hiver. En plein milieu de la nuit. Alors, en pensant à Ésaïe 11, des vers se pressent dans son esprit. Des années plus tard, Praetorius, compositeur luthérien les met en musique. Ainsi nous est parvenu un des chants de Noël les plus connus : D'un arbre séculaire.

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La promesse

Le début de ce chant repose sur un texte du Premier Testament, en Ésaïe 11, 1 : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines. » Le peuple d'Israël vit des temps difficiles, de guerre. Il aspire à la justice, à la réconciliation, à la paix. Il attend un nouveau roi comme David. Avec ce verset, c'est l'annonce d'un nouveau commencement possible. « La souche, la racine » évoquent la partie enterrée d'un arbre qu'on a abattu, et par là nous pouvons lire la fin de la dynastie historique de David. Nous pouvons cependant recevoir l'annonce d'un « rameau, rejeton » comme la résurgence de la promesse de Dieu à David : « J'élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de toi-même, et j'établirai fermement sa royauté. » (2 Samuel 7,12) Notre chant nous dit l'espérance qui naît d'un tout petit rien et qui va en grandissant. Le rameau, le rejeton n'est autre que Jésus, le Crucifié. Il est celui qui a ressenti l'espérance des hommes et des femmes. Il l'a lui-même portée, traversée jusqu'au bout. Il est celui qui a « porté nos souffrances en mourant sur la croix ».

L'Espérance

Au milieu du vieux, Jésus va oser la nouveauté. Il va unir l'espérance des êtres humains, espérance de paix et d'amour, avec la venue du Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu n'est plus de l'ordre de l'à-venir. Il est déjà là au milieu de nos vies toutes simples, comme celle d’« une humble servante ». D'un vieux tronc mort naît un rameau de vie. Un jour, un catéchumène avait choisi ce chant pour un culte de Pâques. Il avait tout compris !

En savoir plus

D'un arbre séculaire

1) D'un arbre séculaire

Du vieux tronc d'Isaï,

Durant l'hiver austère

Un frais rameau jaillit ;

Et sur le sol durci,

Dans la nuit de la terre

Une rose a fleuri.

 

2) Ainsi prend fin l'attente

Des premiers serviteurs.

Dieu, par leur voix fervente,

Promettait un Sauveur.

Voici, suprême honneur !

Qu'il naît de sa servante

La plus humble en son cœur.

 

3) Pauvre et sans apparence,

Ô Jésus notre roi,

Tu portes nos souffrances,

En mourant sur la croix.

Heureux celui qui croit !

Il trouve l'espérance

Et l'amour dans la foi.

Marianne von Allmen-Kohler.
Pasteure du Pays Foyen.

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