Billet du Président

L’audace d’être ensemble

01 juillet 2017

Le président sortant du conseil national a estimé qu’après 7 ans au service de notre Église à ce poste, il était intéressant de renouveler son ministère. Nous allons ainsi ouvrir une nouvelle étape sous la présidence du pasteure Emmanuelle Seyboldt.

Le président sortant du conseil national a estimé qu’après 7 ans au service de notre Église à ce poste, il était intéressant de renouveler son ministère. Nous allons ainsi ouvrir une nouvelle étape sous la présidence du pasteure Emmanuelle Seyboldt. L’usage protestant réformé est de ne pas s’arrêter sur le bilan des hommes et encore moins de les glorifier. Dont acte. Pudeur protestante oblige, la seule gloire est à rendre à Dieu, c’est entendu. Pour autant, parfois, c’est croquignolesque pour ne pas dire incompréhensible. Comment défendre l’attente de cinq siècles avant que Calvin ait droit à un musée digne de ce nom dans sa ville de Genève ? Lorsque la discrétion envoie les personnes, leurs actions, leurs idées dans les oubliettes, c’est idiot et préjudiciable. Il est souhaitable pour tous (l’émetteur et le récepteur) d’exprimer de la reconnaissance et, qui plus est, ce silence porte atteinte à l’élaboration de la réflexion contemporaine car elle se prive bien souvent des enseignements du passé. Donc je voudrais m’extirper, l’espace d’un instant, de notre tradition et rendre hommage au travail de Laurent Schlumberger. Il a montré, épaulé par les membres du conseil national et ceux des églises locales, qu’il était possible de dépasser les désaccords, les divergences et trouver au mieux des convergences régénératrices ou, pour le moins, des modus vivendi. C’est réellement porteur d'avenir et symboliquement significatif.

Réussir à témoigner

Ainsi, au cours de ces dernières années, nous n’avons pas suivi l’élan du moment qui prône le détachement, la singularisation, la séparation, le communautarisme. Cette tendance pourrait se rapprocher de la thématique biblique entre les purs et les impurs, maintes fois dénoncées dans les Évangiles. Bref, nous avons réussi, sous la houlette du président à témoigner. Je vois la convergence régénératrice dans l’union entre les deux traditions luthérienne et réformée. Elle est presque passée inaperçue tant elle a été préparée. Néanmoins, en portant mon regard vers d’autres églises qui pourraient être dans la même dynamique et dont la volonté est stoppée nette, je réalise que nous avons réussi un beau mariage dont bénéficie aujourd’hui l’ensemble des églises locales.

Nous avons eu l'audace de chercher à être ensemble et différents !

Le modus vivendi concerne la décision sur le mariage pour tous. Initialement, le sujet synodal était beaucoup plus large, mais cette seule thématique a polarisé tous les débats locaux. Les divergences demeurent. Elles sont légitimes. C’est un sujet sensible pour beaucoup. Il est normal qu’il le soit aussi chez nous. Un mouvement en réaction, mais à l’intérieur de l’Église, s’est constitué. Bon an, mal an, nous ne nous sommes pas écharpés et malgré des frustrations et accrochages, nous pouvons chanter ensemble « à toi la gloire », ce qui est un signe tangible ! Il reste impossible dans de nombreuses autres églises. Sur cette décision, rendez-vous dans 50 ans comme le disait L. Schlumberger.

Relever des défis

Pour le dire trivialement, soyons fiers de nous. Je sais, cela ne se dit pas, mais puisque c'est un billet qui casse le codes…. Pour le dire autrement, nous avons pu en dépit des cassandres avancer sur ces deux sujets épineux, et nous venons même d’écrire à des milliers de mains une déclaration de foi. Au fait, qui dit mieux ? Nous avons eu l'audace de chercher à être ensemble et différents ! J’en retiens un enseignement majeur, constitutif et précurseur pour notre Église : nous avons les moyens, les outils, l’envie de relever le défi du moment : vivre, grandir et ouvrir nos communautés et son pendant vivre, grandir, ouvrir à l'annonce de l'Évangile. Nous pouvons le faire, nous avons cette volonté, demandons l'aide du Saint-Esprit.

Alain Pélissier,
Président du conseil régional.

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