Edito

Il faut croire aux anges !

12 décembre 2017

C'est le titre d'une chanson composée par Alain Morisod, un pianiste suisse. Ces paroles qu’accompagnent une mélodie du groupe ABBA sont suggestives : « Il faut croire aux anges, aux petits miracles de la vie [...] Voir le soleil malgré la pluie, croire au soleil après la pluie... »

La résonance lyrique toute particulière que les chansonniers donnent aux mots est apaisante. Cette tonalité poétique s'écrit dans nos cœurs. Par contre, notre approbation n'est pas toujours bon marché quand l'usage des mots touche nos convictions. C'est dans ce registre que s’inscrit la croyance aux anges. 

Symbolique orientale

De nombreuses religions font allusion à l'existence des anges. Elles leur assignent d'ailleurs des tâches prépondérantes. Souvent « les anges jouent le rôle de signes avertisseurs du sacré. Pour les Pères de l’Église, ils sont la cour du roi des cieux » (voir Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, Paris, 1969, Page 50). En revanche, dans le protestantisme, la validation de l'angélologie n'est pas enthousiaste. Certaines écoles d’exégèse protestante rappellent l'origine iranienne des anges puis leur recyclage dans les récits bibliques. On affirme placidement qu'il s'agit d'une symbolique orientale ancienne. D'autres tendances, particulièrement iconoclastes, crient à l’idolâtrie décriant la présence des anges sur les flancs des cathédrales. Pourtant les récits bibliques en parlent ! Cette évidence vient contrer notre quête de rationalité. Nous assimilons le symbole à la légende, la légende au mythe, le mythe à l'invention, donc à la fiction, à l'imaginaire, au non réel. Pourtant personne ne nie l'existence de la lumière, malgré le fait qu'on ne puisse la toucher.

Karl Barth reconnaissait dans les anges des serviteurs

de Dieu et du Christ@Stock-Photo

Karl Barth, référence normative en matière de théologie protestante, pense que « les anges n'existent que parce qu'ils se rattachent à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ pour être au service de Dieu et de l'homme. Ils n'ont d'importance que parce qu'ils se présentent pour accomplir ce service, mais après ils quittent la scène » (voir Karl Barth, Dogmatique III/3, paragraphe 51, Genève, Labor et Fides, 1963, page 84). « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés » (Luc 2,14).

 

Philippe Biyong,
Pasteur de l’Église protestante unie de France en Haute Pyrénées.

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