Courrier des lecteurs

Figurine.

01 novembre 2017

Qui aurait cru que, pour les 500 ans de la Réforme, Échanges, Réveil et Le Cep choisiraient de mettre en couverture une figurine articulée en plastique de couleur ?

On aurait pu reprendre l’image de Luther clouant ses thèses sur la porte de l’église, ou la photo d’une Assemblée mondiale de doctes Luthériens, ou encore dans un élan d’œcuménisme réconcilié celle du pape embrassant quelque pasteure… On a préféré avec justesse la figurine modeste, fragile, dérisoire, ludique et significative. Pour parler comme les membres de nos Équipes régionale Jeunesse, je kiffe.

Modeste la figurine car qui est Luther et qui sommes-nous ? Luther n’est qu’un homme. Certains de ses écrits sont justes et admirables, mais d’autres abominables. Il y a du souffle pourtant chez cet homme. Le souffle de la liberté d’abord. Il a choisi de changer son nom (Luder) pour qu’il sonne comme le mot grec eleutheros qui signifie liberté. Le souffle de l’Esprit parfois, Esprit qui lui permis de dire un non retentissant précédé d’un oui intérieur et fondateur, celui à la Grâce de Dieu qu’il n’a cessé de confesser. Luther n’est qu’un homme, un saint imparfait, un petit bonhomme d’il y a 500 ans.

Fragile et dérisoire, la figurine. Elle n’est pas faite pour être mise sous cloche ou en vitrine. Elle est légère. Elle tombe facilement et bientôt perdra sa plume ou son chapeau. Nous oublierons Luther, ses colères et ses thèses. Nous lirons d’autres livres, entendrons d’autres voix et peu importe.

Mais elle est ludique, la figurine. Elle est faite pour être confiée, transmise, donnée aux plus petits. Et ceux-là joueront avec elle, avec son manteau noir, son drôle de chapeau, sa plume et ce livre doré qu’il tient difficilement dans l’autre main. « C’est qui le monsieur et le livre, c’est quoi ? »

Puisse en effet ce jouet sympathique être le point de départ d’un dialogue et d’un récit. Le récit commencerait par « Il était autrefois dans la Saxe profonde… ». Il pourrait se terminer par « et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous aussi protestons, c’est à dire témoignons de notre foi alors que nous lisons le livre qu’a jadis traduit frère Martin dans sa langue. »

Car ce livre est là chez nous pour que nous puissions ensemble le lire et apprendre à le comprendre .

 

Jean-Pierre STERNBERGER.

Bibliste en région Centre Alpes Rhône

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