Polémique

Êtres inspirés

04 janvier 2018

Du 7 au 14 janvier se tiendra la Semaine universelle de prière (SUP) de l’Alliance évangélique. Pendant des années, c’était l’occasion pour les protestants de différentes dénominations de prier, de chanter, de se mettre à l’écoute de la Bible ensemble. Une sorte de semaine de l’unité protestante ! Est-ce toujours le cas ? Où en sommes-nous des relations entre frères protestants ?

Le 500e anniversaire de la Réforme fut l’occasion, pour diverses dénominations protestantes d’œuvrer ensemble. Et ce n’est que justice puisque, en 1517, n’est pas née une réforme mais bel et bien des réformes. La tradition « évangélique », au sens large, est, dans ce sens, tout aussi « historique » que le courant « luthéro-réformé », qui s’enorgueillit souvent d’être le protestantisme historique. C’est pourquoi il était plus juste de parler, pour ce jubilé, des 500 ans des Réformes. Sur le terrain, à Agen par exemple, les diverses églises protestantes locales, méthodiste, adventiste, pentecôtiste et luthéro-réformée, ont organisé le culte commun de la réformation (prédication à 4) et l’opération Bouge ta ville.

Protestants en fête

Le point d’orgue de ce travail en commun fut l’organisation de Protestants en Fête à Strasbourg, les 27-28 et 29 octobre dernier. 8000 personnes au culte final, au Zénith. Un peu moins de 1000 jeunes inscrits à « Heaven’s Door ». Des milliers de protestants déambulant dans les rues de Strasbourg (reprenant en chœur « À toi la gloire ! », entonné par un quidam), visitant les dizaines de stands du « village des fraternités ». Que du bonheur ! Ou presque … En effet, quelques jours avant le début des festivités, le 22 octobre, le Conseil National des Évangéliques de France (CNÉF) a annoncé son retrait de l’événement. Pourquoi ? En cause, la programmation d’un culte « inclusif », destiné à accueillir les personnes homosexuelles et la tenue, au village des fraternités, d’un stand de « l’antenne inclusive » de la paroisse strasbourgeoise Saint-Guillaume (luthérienne).

Synode de Sète

C’est une énième conséquence de la décision du synode national de l’ÉPUdF à Sète d’accepter, pour les pasteurs qui le souhaitent, de célébrer des « bénédictions de couples de même sexe ». Il faut bien l’avouer, depuis lors, les relations sont tendues, crispées. Dans certains endroits de notre région, par exemple, il n’y a plus de relations entre protestants depuis la décision de Sète. Mais ce n’est pas le seul point de cristallisation : le ministère féminin est aussi sujet à discorde (même dans notre région). Le problème fondamental ne réside donc pas en une conception différente du péché ou dans un oubli du « socle commun ». Le problème fondamental réside dans la lecture de ce socle commun, la Bible, d’où le problème que pose, pour certains courants évangéliques, le ministère féminin (mais aussi la contraception, l’avortement…).

La Semaine Universelle de Prière est l'occasion

de renouer du lien avec nos frères évangéliques

Semaine de prière

Certains membres du courant luthéro-réformé refusent l'idée d'inspiration des Écritures (par refus du fondamentalisme). Mais n’est-il pas possible de l’admettre (tout en récusant tout fondamentalisme), en affirmant que nous ne la comprenons pas de la même manière (un peu comme pour la Cène où nous affirmons la présence réelle du Christ mais spirituelle, c’est-à-dire par l’Esprit) ? Car l’Esprit-Saint est celui qui œuvre sans cesse à la Création nouvelle, qui suscite perpétuellement des créatures nouvelles. Dire que l’Esprit inspire notre lecture, c’est affirmer qu’Il est sans cesse celui qui nous fait repérer où est la Vie, où sont les chemins de notre résurrection, d’abord, celle de nos proches, ensuite, et celle de notre monde, enfin. Pourquoi ne pas profiter de cette Semaine universelle de prière, début janvier, pour renouer les liens et parler ensemble de la manière dont l’Esprit guide et inspire notre lecture (mais aussi de la manière dont nous concevons le ministère, dont nous vivons la communauté…). Des chemins de réconciliation sont peut-être au bout…

Christophe Jacon,
Rédacteur en chef d'Ensemble.

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