Scoutisme

Être acteur du changement dans la lutte contre les discriminations

30 novembre 2018

Dans les années 60, Martin Luther King a beaucoup œuvré pour lutter contre les discriminations aux États-Unis. Comment les EEUdF, mouvement de scoutisme protestant, ouvert à tous, poursuivent-ils ce combat contre les discriminations ? Alexis Guerit, président de la commission Vie spirituelle, répond à nos questions.

Martin Luther King s’est engagé contre les discriminations, le racisme et la ségrégation. On peut dire que ce combat n’a pas de fin. Comment le continuez-vous dans votre mouvement ?

Trois choses me viennent à l’esprit. D’abord, l’idée d’une révolte légitime. Dans les EEUdF, nous pensons que l’homme ne doit pas subir le monde : il peut le transformer. L’homme est acteur du changement. La vie de Martin Luther King le montre. Il est le témoin d’une résistance face aux injustices. C’est une filiation qui a du sens. Pour nous, la posture qu’il incarne face au monde est très actuelle. Ensuite, bien évidemment, King est un homme d’Église, un homme de foi. Et cette foi n’enferme pas, elle engage. King, en tant que personne qui, au nom de l’Évangile, s’engage dans la société, représente là aussi une figure importante pour le mouvement. Martin Luther King est à la fois un témoin de l’Évangile et un résistant dans la société. Et puis, dernier élément, le scoutisme porte dans son fondement la conviction qu’on est plus fort et plus intelligent à plusieurs que tout seul. Nous avons besoin des autres. Le scoutisme, c’est l’école pratique de l’Évangile. Mon prochain n’est pas un adversaire, mais quelqu’un avec qui j’ai à collaborer. Cet élément relationnel est aussi quelque chose qui permet de lutter contre les discriminations.

Le scoutisme permet à des filles et des garçons de s’engager dans la société et pour la paix dans leur pays (© DR)

 

Martin Luther King n’a cessé d’étendre sa lutte. Il a appelé derrière lui les Indiens, les Portoricains. Aujourd’hui, quels sont les domaines où il vous semble important et urgent d’agir ?

Il faut défendre une inclusion globale. Le scoutisme est une proposition pour tous et pour toutes, quelles que soient sa religion, son orientation sexuelle, son origine sociale, sa couleur de peau. Et appartenant au scoutisme, premier mouvement d’éducation populaire, je pense qu’il faut défendre aujourd’hui ce droit aux loisirs. Il y a des enfants qu’on prive de ce droit partout dans le monde : parce qu’ils sont dans la misère, qu’ils subissent la guerre ou connaissent l’exil (climatique ou autre) ! Un exemple auquel je pense : le redéveloppement du scoutisme en Irak. La présence du scoutisme permet à des filles et des garçons de s’engager dans la société et pour la paix dans leur pays. Ce sujet doit aussi nous interpeller en France : c’est pourquoi nous favorisons l’accueil des migrants dans nos groupes à travers le projet karibu.

 

Concernant les discriminations faites aux femmes, les EEUdF sont fortement mobilisés…

C’est fondamental pour nous d’avoir un espace où chacun·e peut se construire en tant qu’individu. Un espace de liberté où il n’a pas à reproduire les schémas de domination de la société. Ce sujet est central. On assume le fait aux EEUdF d’évoquer cette question du genre, de l’égalité homme-femme, de la sexualité, des violences faites aux femmes. On a même une commission qui réfléchit sur ces questions. Ils ont fait un dossier destiné à toutes les tranches d’âges du mouvement en 2018.

 

Quel rôle jouent les moments spirituels dans cette lutte contre les discriminations ?

Notre conviction fondamentale est qu’il faut ouvrir un espace pour témoigner de ses doutes et de ses convictions par une lecture accompagnée de la Bible. Il convient de légitimer la parole. De dire : « Ta parole vaut quelque chose ». Mais aussi son corrélat : « La parole de l’autre vaut quelque chose ». Chacun·e a droit au respect de sa pensée. Celle-ci n’est pas figée. Il est possible d’évoluer, de changer d’avis.

 

Propos recueillis par Christophe JACON,
journal Ensemble

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