Musique et protestantisme

Congédié et rappelé

26 février 2017

Longtemps, Dieu s'est caché. On l'avait congédié, de toute manière. Jacques Brel, qui avait laissé le Bon Dieu si visible dans les chansons de ses débuts que Georges Brassens l'avait surnommé « l'abbé », lui réglait son compte, par exemple, dans La, la, la en 1967 : « Quand viendra l'heure imbécile et brutale / Où il paraît que quelqu'un vous appelle / J'insulterai le flic sacerdotal / Penché sur moi comme un larbin du Ciel ». La chanson s'en est globalement tenue là pendant quelques décennies. Dieu ne s'y entend guère que pour qu'on lui claque la porte au nez. Et on ne le laisse se montrer que parce qu'il est de la famille de Marie (Ave Maria, de Charles Aznavour, 1978) ou de son fils (Jésus Christ, Johnny Hallyday, 1970 ou Jésus kitsch, Dalida, 1972).

Entre athéisme gaillard et agnosticisme affiché, le métier de la chanson relègue à ses marges les carrières trop évidemment portées par la foi. Un retour en grâce ?Mais en 2013, Grégory Turpin s’arrache au milieu des labels et des circuits engagés chrétiennement en signant un album chez TF1 Music avant de passer chez Universal. En 2015, Francis Cabrel ose la chanson Dans chaque cœur qui décrit le Christ sur la croix. Il reconnaît que, dans une période où s’exprime la plus féroce violence cont...
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Bertrand Dicale,
Journaliste spécialisé dans les musiques populaires, notamment la chanson française.

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