Comprendre l’action humanitaire avec un regard chrétien

01 juin 2017

L’Église de Saint-Nazaire a reçu, mi-janvier, le pasteur Daniel Hillion, responsable des relations avec les Églises au SEL (Service d’entraide et de liaison), pour une conférence sur le thème Comprendre l’action humanitaire avec un regard chrétien*. Il nous explique ici les enjeux de l’association.

Une action chrétienne dans un monde en détresse. Ces quelques mots fournissent la définition la plus brève que l’on puisse donner du SEL. Comme association protestante de solidarité internationale, le SEL vise à améliorer les conditions de vie de personnes et de populations en situation de pauvreté dans les pays en développement.

Le SEL a comme spécificité de soutenir le travail de structures chrétiennes locales, composées de personnel local, luttant contre la pauvreté dans leur propre contexte : il n’envoie pas d’expatriés pour la mise en œuvre du travail soutenu. Les partenaires locaux du SEL agissent dans les domaines suivants : projets de développement communautaire, programmes de parrainage d’enfants et actions de secours d’urgence.

Comment développer un regard chrétien sur les situations de pauvreté qui se rencontrent au loin, mais aussi au près ? Voici quelques pensées pour se mettre en marche.

  
© SEL-ID

Une prière de lamentations

Une action chrétienne dans un monde en détresse naît, se développe et se vit dans la prière, personnelle et communautaire, et la prière se nourrit de l’ensemble du psautier. Quelle place faisons-nous pour les pauvres dans notre prière ?

Un chrétien sri lankais nommé Ebenezer Joseph peut nous interpeller et nous pousser à aller encore plus loin quand il déclare : L’Église a perdu l’art de se lamenter quand des violations [des droits de l’homme] se produisent. […] Les Psaumes sont remplis de lamentations : mon Dieu, mon Dieu […] combien de temps les pauvres devront-ils souffrir comme cela ? Et il ne s’agissait pas de trouver des réponses, ni de critiquer Dieu. Mais la Bible crée un espace pour que ceux qui ont été victimes d’abus se lamentent devant Dieu. Jésus-Christ lui-même sur la croix a dit : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Si Jésus peut prier ainsi, pourquoi ne facilite-t-on pas dans nos Églises l’expression des lamentations pour les problèmes et le fait de crier à Dieu ? L’Église, dans le contexte local, devient une Église authentique quand elle s’immerge dans l’expérience des personnes et ouvre un espace pour que les gens viennent et crient à Dieu.

Un regard bienveillant

La Bible parle du regard face à la pauvreté et le met directement en rapport avec les actes concrets : Qui a le regard bienveillant sera béni pour avoir donné de son pain au pauvre. (Proverbes 22.9) Un tel partage peut se vivre de bien des manières différentes : il y a bien sûr l’application littérale (donner à manger à quelqu’un qui a faim), mais aussi le don d’argent, le don de temps et le don de soi. Dans certains cas, il est aussi possible d’agir sur les causes de la pauvreté : il ne s’agira plus alors de donner de son pain au pauvre, mais de chercher à éviter qu’il n’ait faim.

On dit que l’une des dernières paroles de Martin Luther a été : Nous sommes tous des mendiants, c’est ça la vérité ! Peut-être qu’une telle conviction, jointe à la foi de celui qui se sait l’objet du regard bienveillant de Dieu, devrait constituer la source principale du regard chrétien sur l’action humanitaire.

La justification par la foi en Jésus pourrait bien être directement pertinente pour « une action chrétienne dans un monde en détresse » : elle fournit la motivation pour se mettre en route (et persévérer), mais elle est aussi le message d’un salut à faire connaître à tous, car si l’être humain a besoin de pain pour vivre, il ne vit pas de pain seulement. Cette pensée colorera le regard et l’action des chrétiens face à la pauvreté.

 

En savoir plus

* La conférence est accessible sur Internet

Daniel Hillion

Commentaires