À la rencontre de

Christiane Hervaud

01 janvier 2019

Christiane Hervaud est depuis un an chargée de mission pour l’Ensemble Poitou rural protestant du Canton de Lusignan, Lezay, et La Mothe-Saint-Héray. Stéphane Griffiths l’a rencontrée pour nous.

Quand Christiane a commencé des études à l’Institut biblique de Nogent après son bac, ce n’était pas pour devenir pasteur ! Simplement, elle se trouvait bien avec ces gens plein de foi, des jeunes qui en voulaient et qui s’engageaient, certains dans le ministère, bien sûr mais aussi d’autres dans des mouvements de jeunesse ou au service des plus faibles.

Du bénévolat

Christiane a passé la plus grande partie de sa jeunesse à Rochefort. Ses parents, catholiques, ont un jour cherché à approfondir leur connaissance de la Bible et se sont rapproché de milieux protestants. Alors, après avoir fait sa communion dans l’Église catholique, Christiane a rencontré des jeunes protestant·e·s, et de réunions de prière en études bibliques, de camps en camps, elle s’est retrouvée dans ce milieu, aux marges de la société de plus en plus sécularisée des années 70. Elle voulait devenir éducatrice, et après une année en Suisse et un échec à l’entrée à l’Institut régional des travailleurs sociaux, elle décide de faire l’Institut de Nogent.

Trois ans plus tard, elle se retrouve enseignante en Français langue étrangère à Albertville pour des pasteurs ou laïcs américains avec plein de projets missionnaires pour les pays d’Afrique francophone. Puis, après son mariage, un fils et un détour par Compiègne au service de l’Église baptiste, retour à Rochefort. Là, après une période de galère, elle devient formatrice dans différents domaines : alphabétisation et insertion sociale, puis libraire, animatrice d’atelier d’écriture, aide à domicile etc. Tous ces métiers qui la mettaient au contact de toutes sortes de personnes, de ceux qu’elle aime.

   
© Stéphane Griffiths

Tout en travaillant, elle est catéchète, conseillère presbytérale, déléguée au Synode, prédicatrice non pasteur, un temps dans les Églises évangéliques plus tard dans l’Eglise réformée. Elle s’était bien, trente ans auparavant, posé la question de reprendre des études de théologie, mais un peu déçue que ses trois années d’étude à l’Institut biblique ne soient reconnues que pour une, sans validation de toutes ces années d’expérience, elle avait jeté l’éponge.

À un ministère rémunéré

Alors, quand Jean-Luc Cremer lui parle des projets de la Région pour essayer de palier le manque de pasteurs en employant des salariés au service des Églises locales « abandonnées », elle saisit sa chance. Quand elle était au chômage et plus ou moins en galère, elle ne pensait pas que quelques années plus tard elle trouverait un travail rémunéré dans l’Église, là où elle avait toujours tout fait bénévolement !
Le projet prend corps dans l’Ensemble en devenir autour des cantons de Lusignan, Lezay et La Mothe. Elle travaille étroitement avec Bertrand Marchand, pasteur à Lezay, et quatre Conseils ! Christiane habite depuis un an le presbytère de Rouillé au service de tous ces paroissiens des trois cantons du Poitou rural protestant. Jusqu’à sa retraite (dans deux ans) ou moins… si un pasteur se présente…
Sa lettre de mission ressemble à s’y méprendre au cahier des charges d’un pasteur : présider des cultes, des services funèbres, organiser des journées d’Église, faire des visites, proposer des activités nouvelles pour les gens qui se tiennent à distance de l’Église, catéchèses, groupes de maisons, œcuménisme. Elle a toujours été une locomotive dans l’Église, et aujourd’hui, elle réalise qu’il faut savoir mettre des coups de frein pour ne perdre personne. Accélérer, freiner, ce n’est pas une conduite toujours agréable mais il faut maintenir l’unité, n’est-ce pas ? Alors quelquefois, on a l’impression que cela n’avance pas. Le temps de Dieu n’est pas le nôtre.
Christiane sait qu’elle participe à une expérience unique dans l’Église unie. Elle aime ce qu’elle fait et les protestants du Poitou rural le lui rendent bien.

Stéphane Griffiths

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