Dossier Parole protestante en Basse-Normandie

Bénin : Donner

11 janvier 2017

Dimanche 10 avril 2016. L’ensemble des pasteurs français a été invité à venir prêcher dans une des nombreuses paroisses de Porto-Novo ou de Cotonou. La paroisse qui m’a été dévolue et où je me rendrai avec l’une des animatrices du stage, le pasteur Esther Wieland-Maret, se trouve à proximité du lieu de la formation : il s’agit du temple « Emmanuel » de Djégan-Kpévi. La consigne a été claire : le texte biblique est imposé, Jean 21/1-19. Parallèlement, il s’agit de tenir compte du fait que ce jour correspond pour la communauté à un culte des moissons. Au travail donc, histoire, sans trop d’acrobaties, de faire se croiser l’Evangile du jour et cette fête des moissons. La visite quelques jours auparavant du centre Songhaï, une ferme modèle reliant ensemble l’agriculture et la pisciculture, de même que le souvenir d’un culte similaire célébré dans le Bocage normand par les amis anglais permettent de trouver quelques déclinaisons. Et s’il s’agit au dernier moment de s’adapter, la traduction en fon phrase après phrase donnera le temps d’ajuster si besoin est le message. 

Accueil très chaleureux le jour dit du pasteur  et de ses acolytes. Présentation du déroulement liturgique, notification précise du moment où j’interviens et de celui où prendra la parole le pasteur Esther Wieland-Maret pour expliquer le pourquoi et le comment de la session franco-béninoise. Puis, « la fête commencera » ajoute le pasteur avant de déclarer dans un grand éclat de rire : « à partir de ce moment, je ne réponds plus de rien … »

Car en fait de moissons, il s’agit d’une fête de l’offrande. Concrètement, cela se traduit par la mise en place depuis le fond du temple d’une procession chamarrée qui va avancer en chantant et en dansant à travers l’édifice avant d’aller déposer son offrande dans des réceptacles en tissu enfoncés dans des sortes de plateaux roulants. Un joyeux cortège réitéré non pas une ni même deux fois, mais 23 (vingt-trois) fois au son d’une musique favorisant le rythme de la marche. Car tout est décomposé, démultiplié. Chacun, chaque groupe est invité à donner : les âges (de 0 à 10 ans, de 11 à 20 ans, etc), les groupes (groupe de prière du vendredi – matin et soir, groupe de prière à domicile et groupe d’étude biblique, groupe propreté et embellissement, commission de la diaconie et du développement, etc.), les classes méthodistes, les familles, les jeunes, les femmes, les hommes … (à titre personnel, j’ai participé à la marche des 61 ans et plus – dernière catégorie d’âge … et à celle de la famille du Christ). Une fois la procession terminée, les sacs à offrande sont enlevés avec célérité et emmenés dans une pièce annexe dans laquelle une équipe de trésoriers s’active à compter les recettes. Avec à l’arrivée une moisson de plus de 3 millions de Francs CFA, une jolie somme saluée dans l’allégresse et les applaudissements. Je me surprends à regarder ma montre : le temps n’a jamais semblé long durant ces 4 heures de culte. 

Eric Trocmé

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