Chronique locale

Aumônerie des Hôpitaux

01 mai 2018

Le buisson d’épines

Ma joie est en toi qui en moi répands ta vie
et qui m'anime de ton esprit.
Ma joie est en toi qui me cherches blessé dans les ronces
et qui me portes sur tes épaules jusqu'à la rive 
de la Terre promise.
Ma joie est en toi qui répands en moi la force de passer
les obstacles et les ravins jusqu'à la demeure
que tu ouvres à tous ceux qui en toi mettent leur joie !
Charles Singer
©S.Cronfalt


Je suis un buisson d’épines, une bévue de la nature,
Privé de la majesté des Grands, de la beauté fragile des petits, l’oublié de tous jusqu’à ce que l’inattentif vienne se lacérer la peau sur mes griffes.

Je suis un buisson d’épines, invisible, méprisable,
Et je me dresse tant bien que mal à vos pieds mais de moi vous ne voyez rien si ce n’est un arbuste rampant qui ne porte pas de fruits.

Je suis un buisson d’épines, enfant d’un terrible malentendu,
Dans votre folie des grandeurs personne n’a jamais eu le temps d’un regard pour moi, et voilà qu’aujourd’hui dans ma disgrâce vous voulez me faire briller, moi que tout oppose à la splendeur du titre de roi de la forêt.
Je vois sur vos visages se dessiner l’insolence de la malhonnêteté, mais que faire contre ce souffle envoûtant qui m’enivre et me susurre doucement que je pourrais devenir un grand moi aussi ?

Je suis un buisson d’épines que le pouvoir asservit,
Un pouvoir qui a recouvert d’un voile épais mes failles transformées en crevasses béantes, et me voilà emporté dans une folie enragée qui semble ne pas avoir de fin.

Je suis un buisson d’épines déguisé en chêne, en olivier, en figuier,
Mais derrière mes sournoiseries je reste ce petit buisson d’épines qui ne donnera ni glands, ni huile, ni fruits.
Tandis que le chêne, l’olivier, le figuier, à force de ne s’abreuver que de boue, ont noyé leur somptuosité dans la débauche. Plus aucun arbre maintenant ne donne ni glands, ni huile, ni fruits.

Je suis le buisson d’épines, le reflet de nos consciences épineuses et gangrenées. Aucun arbre n’a vu que de mes épines aurait pu éclore une fleur s’il y avait eu bonne foi et loyauté, que de mon humble taille aurait pu naître une ombre pour abriter un petit oiseau en été.

Je suis un buisson d’épines qui a transformé sa forêt en désert aride,
Car de la corruption ne découle que la destruction, et désormais mes épines portent le poids de tous nos péchés, des épines acérées qui forment une funeste couronne sur un front mutilé.

S. CRONFALT

Atelier « Et si la Bible m’était contée ?», Nice

 

Commentaires