Coups de cœur

Apprendre à voir, à Cannes

01 juillet 2017

Il est des films qui peuvent paraître a priori trop sombres pour que l’on ait envie d’aller les voir. Or, on peut ainsi passer à côté de très beaux films. « Apprendre à voir » est un exercice de cinéphiles qui, dans un contexte de films sombres ou violents, consiste à ne pas se laisser emporter par l’émotion des images, mais analyser pourquoi elles contribuent à la compréhension du film.

 Vers la lumière

Prix œcuménique du Festival de Cannes 2017, Vers la lumière est réalisé par Naomi Kawase : Misako, jeune femme, établit des audiodescriptions pour films destinés aux aveugles. Sa voix douce et hésitante recherche le mot juste dont la poésie traduira efficacement la beauté des images. Des conseillers l’entourent pour la guider. Parmi eux, un photographe en train de perdre la vue, Nakimori, se montre exigeant... Alors que le travail de Misako et de Nakimori se fonde sur la lumière, celui qui va la perdre confie : « Rien n’est plus beau que ce qu’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaître ».

Fidèle à son attachement à la nature, la réalisatrice nous fait partager le monde lumineux d’un homme qui perd progressivement la vue.

(Sortie le 20 septembre)

Sur le site allociné

 

Les Proies

Avec Les Proies, Sofia Coppola, toujours parfaite dans sa mise en scène, a abordé un nouvel exercice, souvent décrié, le remake : en 1971, le réalisateur Don Siegel avait dirigé Clint Eastwood dans le rôle d’un sergent nordiste blessé dans le Sud et accueilli par un pensionnat de jeunes filles (d’après le roman éponyme de Thomas P. Cullinan sur la guerre de Sécession).

Alors que l’angoissant film de Don Siegel ne laissait pas de place à la distanciation, Sofia Coppola présente des jeunes filles angéliques cueillant des champignons, impeccablement vêtues, des enseignantes compréhensives, dans une demeure du Sud que la guerre semble avoir épargnée. Plusieurs rires ont animé la salle devant l’enthousiasme des jeunes filles face au sergent, ou les sous-entendus venimeux des dialogues innocents autour de la table du repas.

En transformant en fable un récit dramatique, la réalisatrice réussit un coup de maître.

(Sortie le 23 août)

Sur le site allocine

 

Mise à mort du cerf sacré

Yorgos Lanthimos présentait son film Mise à mort du cerf sacré et a obtenu le Prix du scénario pour cette libre adaptation du mythe d’Iphigénie. Une musique irrésistiblement envoûtante, commençant par un Requiem et finissant sur un autre, accompagne des images qui peuvent choquer puisqu’il s’agit d’un thriller particulièrement réussi. Cependant le recul que chacun entretient vis-à-vis d’un mythe permet de décrypter et d’admirer le travail d’adaptation du scénario à la société d’aujourd’hui.

(Sortie le 1er novembre)

Sur le site allocine

 

 

En savoir plus

Site de l'association Pro-Fil

www.pro-fil-online.fr

Nicole VERCUEIL
Pro-Fil

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