Folles idées

Anticipons 2020 !

01 février 2019

Dans un an, les Conseils presbytéraux des Églises locales seront renouvelés. Et déjà, des conseillers expriment le souhait de ne pas renouveler leur mandat. Cela suscite, à juste titre parfois, une véritable inquiétude. Mais il se pourrait bien que ce temps du renouvellement soit une belle opportunité pour la vitalité de l’Église locale, à condition de s’y préparer, dès à présent.

Nous publions ici une proposition en six étapes qui pourrait servir de feuille de route pour le renouvellement de 2020. Chacun en fera l’adaptation qu’il souhaitera en tenant compte de la réalité locale de son Église.

Un rappel sur le nombre de mandats

En 2013, lors de la création de l’Église protestant unie de France, les compteurs de mandats ont été remis à zéro. Les conseillers presbytéraux élus à l’automne 2012, puis renouvelés en 2016, pourront accomplir un 3e mandat à partir de 2020. En effet, la constitution autorise trois mandats successifs. Si un quatrième mandat devait être sollicité (en 2024) une dérogation préalable du Conseil régional serait nécessaire. Donc, un membre d’Église engagé dans un Conseil presbytéral depuis 2005 (par ex.) pourrait encore être appelé en 2020 pour un troisième mandat puisque le décompte des mandats successifs n’a démarré qu’en 2012.

Renouveler, mais avec quelle vision ?

Le renouvellement des Conseils en 2020 suscite donc des craintes. Plusieurs Églises locales redoutent de ne pas trouver suffisamment de nouveaux conseillers presbytéraux. Convertissons cette crainte dès maintenant en énergie positive ! Cette crainte est une belle opportunité pour mobiliser largement les membres de l’Église locale et pour réinterroger la vision de l’Église. Parce que parler du renouvellement des membres d’un Conseil presbytéral, cela suppose une réflexion préalable sur ce que nous appelons traditionnellement le projet de vie de l’Église. Je préfère le terme de vision. Quelle vocation discernons-nous, dans la foi et la prière, pour notre Église locale ? Où Dieu nous attend-Il ici, dans notre contexte, dans notre réalité locale, dans le temps présent, pour annoncer l’Évangile ?
Quelle est notre vision (on pourrait dire aussi notre mission) pour répondre à l’appel de Dieu ici et maintenant ?
Si un Conseil presbytéral (et avec lui l’Église locale) n’est pas capable de répondre à cette question, le renouvellement des membres appelés à gouverner leur Église en sera d’autant plus compliqué. Comment les appellera-t-on ? Pour quel projet et avec quel sens pour leur engagement ? Il est donc essentiel de commencer cette réflexion sans tarder : le renouvellement, cela commence maintenant ! C’est la première étape.

Renouveler c’est discerner

La deuxième étape consiste à rechercher les femmes et les hommes dont l’Église a besoin. C’est une étape très ouverte. Le Conseil seul aura la charge de choisir, d’appeler et de proposer à l’Église les noms de ceux qui seront soumis à l’approbation de l’assemblée générale. Mais le discernement qui précède doit être ouvert. Tous les membres de l’Église locale peuvent s’y associer. Chacun doit savoir quels sont les profils recherchés et les charismes attendus et chacun doit comprendre le lien entre cette recherche et la vision de l’Église (étape 1). Tous ses membres peuvent être invités à proposer au Conseil presbytéral des noms de personnes. Dès les assemblées générales ordinaires 2019, la recherche peut être lancée. Le journal de l’Église locale (ou tout autre support de communication) sont des bons moyens d’informer et de solliciter l’aide des membres de l’Église.

Elle, lui… Pourquoi pas. Mais pourquoi ?

La troisième étape se vit au sein du Conseil presbytéral. Un échange à huis clos, confidentiel. Une conversation pour échanger librement sur les personnes dont les noms ont été suggérés. À cette étape, quelques questions essentielles doivent être posées. Pourquoi avons-nous besoin d’elle/lui ? Que va-t-elle/il nous apporter ? Qu’allons-nous lui apporter ? En quoi son engagement au sein du CP sera un chemin d’édification pour lui/elle et pour nous ? C’est une étape décisive. De la qualité des échanges de cette troisième étape dépendra la crédibilité de l’appel que le Conseil presbytéral pourra adresser à la personne. Au terme de cette étape, chacun doit être bien convaincu, au sein du Conseil, de la pertinence de l’appel qui sera adressé à tel ou telle. Et cette conviction doit être appuyée sur un vote à bulletin secret de chaque membre du Conseil presbytéral. Si le vote est partagé, nous recommandons vivement de ne pas appeler la personne concernée.

L’appel. Nous avons besoin de toi…

…Et nous allons te dire pourquoi ! La quatrième étape du discernement, c’est une rencontre de chaque personne pressentie. Cette rencontre repose sur deux fondements : d’une part, la conviction que l’essentiel de ce qui se joue maintenant est dans les mains de Dieu. Après tout, c’est bien pour servir son Église que nous appelons ! D’autre part, la certitude que, si l’étape trois a été bien menée, celui ou celle que nous rencontrons sera sensible à dimension collégiale de l’appel. Le Nous qui appelle, c’est l’Église. Ce Nous signifie un ministère collégial, exercé au nom de l’Église et pour l’Église du Christ. Je préconise que cet appel soit porté par un binôme dûment mandaté par le Conseil.

Et maintenant, faisons connaissance

Avant l’assemblée générale élective, le Conseil presbytéral doit avoir rencontré tous les membres discernés ayant donné leur accord pour devenir conseiller presbytéral. Nous préconisons que ceux-ci soient invités ensemble à l’occasion d’une séance du Conseil presbytéral qui précédera l’assemblée générale. L’objectif de cette rencontre est de faciliter les liens de connaissance mutuelle et de préparer la présentation de toute l’équipe qui constituera le futur Conseil presbytéral. Cette rencontre permettra de vérifier une ultime fois que l’équipe discernée est bien en phase avec la vision de l’Église locale et qu’elle pourra couvrir, avec les charismes de chacun, toutes les fonctions de gouvernance qui reviennent au Conseil presbytéral.

En route vers l’AG

La dernière étape est très importante : la communication avec toute l’Église locale. Trop souvent, on entend des plaintes dans les assemblées sur une prétendue opacité du fonctionnement et des décisions du Conseil. C’est souvent une question de communication. La liste des personnes discernées et appelées. Au contraire ! Elle doit être connue de tous pour faciliter des échanges en amont de l’assemblée générale. Nous préconisons de la publier un mois au moins avant l’assemblée générale, avec les photos des nouvelles personnes. Le point final du processus de discernement sera posé par l’assemblée générale à qui sera proposée, par un vote à bulletins secrets, l’approbation des membres discernés par le Conseil presbytéral.
Six étapes pour anticiper le renouvellement 2020. Ce n’est qu’une proposition. Chaque Église locale tracera son propre chemin pour s’y préparer, mais il nous semble raisonnable de ne pas trop tarder. Certes, rien ne sert de courir, mais mieux vaut partir à point !

Reconnaissance du Conseil presbytéral de l’Église réformée de Bourges-Vierzon en 2016
© Élisabeth Renaud
 
Guillaume de Clermont

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