Histoire de nos cantiques

À Toi la gloire !

05 janvier 2018

Comme n’importe quel texte littéraire, nos cantiques ont une histoire, un auteur, un contexte particulier. Souvent méconnus, d’ailleurs. Cette chronique souhaite rappeler cette histoire et attirer l’attention sur ce que nous chantons dimanche après dimanche. Ce mois-ci, le cantique de Pâque par excellence : « À toi la gloire ! »

Lorsqu’en l’été 1747 Georg Friedrich Haendel composa son oratorio Joshua, il ignorait quelle fortune eut ensuite dans le protestantisme son chœur See, the conqu’ring hero cormes célébrant le jeune guerrier conquérant de la ville de Debir. Certes, ce chœur eut l’air de plaire au prolixe compositeur germano-britannique puisqu’il l’intégra en 1750 à un autre oratorio, Judas Maccabeus, composé en 1746, pour annoncer le retour de Judas Macchabée, victorieux à Capharsalama. La mélodie de ce chœur inspira Beethoven qui composa sur cet air des variations pour piano et violoncelle en 1796.

A toi la gloire par la chorale de l'Armée du Salut@

Oratoire du LOuvre

Louange et Prière

Si la mélodie a d’abord porté des paroles de l’Avent et de Noël (Tochter Zion, freue dich ! Fille Zion, Réjouis-toi), c’est avec les paroles de « À toi la gloire ! » que ce cantique va devenir la « Marseillaise » du protestantisme, le plus souvent lié à la fête de Pâques ou chanté lors de la Cène. Cependant, le contexte de l’écriture de ces paroles est moins connu. Le pasteur évangélique suisse Edmond Louis Budry (1854-1932) en est l’auteur. C’est le décès en 1884 de sa première femme, Marie de Vayenborg, qui lui inspira ces paroles de la consolation par la victoire du Ressuscité. Et ce cantique fut donc naturellement chanté lors de funérailles dans les milieux évangéliques (et, de nos jours, dans les services funèbres de l’Église d’Angleterre). C’est tout naturellement dans les recueils des églises évangéliques qu’il fut d’abord publié. Il faudra donc attendre 1938 et la parution de « Louange et Prière », rassemblant des cantiques venant de différentes traditions protestantes, pour que ce chant ait une réelle popularité dans la famille protestante française.

Joie et paix

À l’origine donc, lié aux funérailles, « À Toi le Gloire » n’a pas d’abord été lié à la fête de Pâques. Cette tradition est apparue relativement tardivement dans nos Église protestantes et, a fortiori, réformées. Reprendre l’air du chant de victoire d’un héros victorieux par la guerre et acclamé par des chœurs d’enfants, de vierges et d’hommes peut d’ailleurs sembler étrange pour célébrer ce matin de Pâques où tout s’est passé dans la plus grande discrétion et avec une poignée de témoins. Cette espérance du chrétien, la victoire sur la mort, peut être chantée en toutes occasions. À titre anecdotique, l’air est même sifflé par le public lors de la dernière nuit des Proms, au Royal Albert Hall de Londres, chanté, – en français ! –, lors des mariages et funérailles royales aux Pays-Bas. Alors, sois dans l’allégresse, peuple du Seigneur, et évite de chanter ce cantique avec lourdeur et solennité : c’est une joyeuse victoire, celle qui ne fait pas de morts, mais qui nous délivre de la mort

Petite ou grande chorale, tout le monde chante

"A toi la gloire"@EPUdF

 

En savoir plus

À toi la gloire !

1) À toi la gloire, Ô Ressuscité !

À toi la victoire pour l’éternité !

Brillant de lumière, l’ange est descendu,

Il roule la Pierre du tombeau vaincu.

Refrain : À toi la gloire, Ô Ressuscité !

À toi la victoire pour l’éternité !

2) Vois-le paraître : C’est lui, c’est Jésus,

Ton Sauveur, ton Maître, Oh ! ne doute plus !

Sois dans l’allégresse, peuple du Seigneur,

Et redis sans cesse : Le Christ est vainqueur !

Refrain

3) Craindrais-je encore ? Il vit à jamais,

Celui que j’adore, le Prince de paix ;

Il est ma victoire, mon puissant soutien,

Ma vie et ma gloire : non, je ne crains rien !

Refrain

 

Bernard Tournier.,
Membre du Comité de Rédaction d'Ensemble.

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